Vous n'êtes sûrement pas sans savoir que les américains sont très procéduriers, et que le métier d'avocat ne connaît pas la crise.
Un million de dollars parce que quelqu'un vous a regardé de travers dans la rue, un autre million parce qu'un cookie n'était pas frais ? Il faut bien se reposer sur une myriade de bonhommes en cravate, prêts à tout pour vous garantir que votre cause est juste et pleine, pourvu que votre portefeuille le soit aussi.
Voici des photos des Yellow Pages du Queens, un des principaux boroughs de New York.
Même la couverture annonce la couleur. Les espaces réservés le sont tous par des avocats, dont les noms de cabinets sont bien souvent construits sur le modèle du double ou triple nom classieux : Johnsson & Johnsson ; Smith & Smith, Sackstein, Sackstein & Lee, etc.
En règle générale, une belle photo de famille accompagnée d'un numéro de téléphone en 1-800-GIVE-US-YOUR-MONEY reste accrocheuse. Bien sûr la consultation est toujours gratuite* (*voir mentions en petits caractères signifiant qu'il faudra tout de même régler une sérieuse facture à la fin).
La plus grande section de l'annuaire concerne les cabinets d'avocats. De la page 223 à la 307, Lawyers et Attorney se disputent les plus belles doubles pages. Autant dire que les pizzerias et les plombiers sont relégués en annexe. Tant et si bien que l'on pourrait parler de Pages Jaunes des Avocats aux chaussures reluisantes et éventuellement quelques bonnes adresses en complément
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Les slogans valent leur pesant d'or (sonnant, mais pas trop trébuchant car on ne sait jamais : on pourrait vous faire un procès pour ça). Sans aucune subtilité. "Nous nous battons pour vous faire gagner un maximum de cash", "Nous pouvons vous proposer des crédits", "Nous avons gagné des millions de dollars", "Rendez-vous 24h/24h 7j/7j".
Les annonces mettent toujours en avant les sommes que vous pouvez espérer réclamer. 24 millions $ pour un accident de camion, 9 millions $ pour une chute sur sol glissant, 8 millions $ pour un accident dans un parc d'attractions, etc. Le catalogue est complet. À ce prix il vaut mieux vivre dangereusement.
Une bonne partie mise sur sur les erreurs médicales. Un marché porteur. C'est alors un cercle vicieux : les chirurgiens sont obligés de contracter des assurances exorbitantes pour pouvoir exercer, puis refusent les opérations à risque, telles que de nos jours l'appendicite ou l'ongle incarné, ou font signer un papier au patient stipulant qu'il renonce à toute poursuite.
Les accidents figurent dans le peloton de tête. Ils viennent même jusqu'à l'hôpital si vous ne pouvez pas vous déplacer.
Bref, un livre que je recommande pour passer un bon moment de rigolade.