C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar

C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.

Le basileus, à l'ombre d'une colonne dorique, affichait un sourire aux plis narquois, derrière cette barbe noire qui lui courait d'une oreille à l'autre comme un régiment d'araignées.

Rien des fruits de Numidie, qui ne verraient pas Scipion, et du jasmin de Sicile n'atténuait l'impression de froide mélancolie pétrifiant d'invisibles feuilles d'acanthes autour de sa gorge.

« Vois-tu Hannibal... Notre civilisation est une multitude d'intelligences en interaction. Ce sont ces intelligences qui permettent le partage de la culture et l'évolution du savoir commun.

C'est ce qui a fait que l'humanité a accompli autant de progrès en quelques siècles, alors qu'elle est née voilà cinq millions d'années.

Si un humain ne peut être mis au contact de ses semblables, l'environnement ne le poussera pas à acquérir un degré de complexité supérieur. Ainsi, l'évolution de tout un chacun est soumise à l'évolution du groupe.

Le monde qui nous entoure est composé de nos propres créations mais aussi et surtout celles des autres. Des sources de savoir telles qu'Alexandrie fournissent une influence toujours croissante pour la propagation de la connaissance passée et son enrichissement. Nous l'intégrons, nous la reproduisons, nous fabriquons un réseau de neurones avec un mode opératoire servant de support à de nouvelles aptitudes.

C'est avec le livre et l'imprimerie que l'essor de l'humanité prendra tout son sens. Les mots sont toujours puissants, mais les mots écrits le sont davantage. Le savoir explosera lorsque les humains pourront acquérir la connaissance de base en un temps suffisant pour en inventer de nouvelles, ajouter une pierre à l'édifice émergent. Nous oeuvrons dans une maille où chacun use ses capacités propres dans le but de tresser de nouveaux noeuds grâce aux liens le reliant au reste de la société.

L'élaboration de notre esprit se conçoit à partir d'un sous-ensemble restreint de l'intelligence totale de l'humanité. A travers notre famille, ce que nous lisons et entendons, ce que nous apprenons. Nous faisons s'affronter les paradigmes et devenons complexes.

Cette construction a échappé à notre contrôle, et un jour, la culture d'une génération sera radicalement différente de celle de la précédente. Tout simplement parce que les rituels ne se transmettront plus par l'environnement proche, mais par une somme de sagacités multiples et dispersées dans l'espace. Seule une limite s'imposera, celle du temps. Nous ne pourrons interagir qu'avec l'instant présent. »

La bouteille de San Pellegrino était désormais vide...

« Hannibal, lorsqu'un seul être te manque, tout est dépeuplé. »

10 commentaires pour “C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar”

  1. P'tit Ben dit :

    Un carthaginois basileus ?

  2. giz404 dit :

    Uh ?

  3. dew dit :

    P’tit Ben > et moi qui pensais que tout le monde allait se focaliser sur le piège de la bouteille ;)

  4. Fabes dit :

    Pourquoi, c’est pas possible, un carthaginois basileus?

  5. vado dit :

    Ca commence bien, y’a du Flaubert, y’a du Sartre, mais après je décroche ….
    Pas bien compris le but du jeu …
    Ce qui m’impressionne, c’est que ton post a été indexé par Google quasi instantanément !

  6. Stéphane dit :

    Moi non plus je ne comprends pas vraiment le but du jeu. Chercher les 10 anachronismes ? Si c’est ça, il m’en reste encore.
    Bel exercice de style en tout cas, bravo !

  7. yoyo dit :

    Mégara ! c’est dans capitaine Flam, ça !

  8. Lamartine... dit :

    Et si tout etait resume par l’adaptation du celebre vers de Lamartine dans la derniere phrase? Mais qui est Hannibal?…

  9. dew dit :

    (son fils)

  10. TOm dit :

    « C’était a megara… » est un incipit cité dans Aragon je voudrai comprendre sons but

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